Michel Solignac, généticien et évolutionniste, nous a quittés le 26 août 2016 après une brève maladie. Professeur à l’université Paris-Sud de 1988 à 2009,  il a durant  38 ans mené des recherches au laboratoire du CNRS à Gif-sur-Yvette (actuellement UMR  Evolution, Génétique, Comportement, Ecologie). Il a été secrétaire général de la Société Française de Génétique de 1988 à 1992.

Il laisse une empreinte scientifique indéniable.1989c1

Une pensée pour Michel Solignac
Les débuts du laboratoire

En 1946, le CNRS cherche un emplacement pour installer des laboratoires de recherche, au calme, pas trop éloigné de Paris et bénéficiant de moyens de transport pratiques. Gif semblait le lieu idéal. Frédéric Joliot-Curie, alors à la tête du nouveau CNRS, est l’ami de Jacques Noetzlin, physicien et propriétaire du château, qui ne désire pas conserver ce domaine. Tous deux ont suivi les cours de physique de Jean Perrin. Le 3 juin 1946, le CNRS acquiert le château et son domaine de 67 hectares. Les trois premiers laboratoires créés sur ce campus relevaient des Sciences de la Vie et étaient exclusivement consacrés à la génétique, discipline qui à cette époque n’avait pas encore vraiment trouvé sa place à l’Université.

Le premier laboratoire effectivement installé à Gif fut celui de Philippe L’Héritier en 1951: il s’agissait d’un laboratoire de génétique formelle qui se consacrait à étudier l’héritabilité de la sensibilité au CO2 chez la drosophile causée par un virus. Il fut bientôt suivi par celui de Georges Teissier, notre laboratoire, intitulé au départ « Laboratoire de Génétique Evolutive et Biométrie » où l’on étudiait la génétique des populations. Toutefois le laboratoire de G. Teissier demeura embryonnaire jusqu’à ce que Charles Bocquet en prenne la charge en 1966. Ce dernier élargit la contribution de cette unité à l’étude des populations naturelles et de la spéciation, sur deux organismes modèles, les Jaera, un crustacé marin, et la drosophile. Le propos des pères fondateurs s’est maintenu ensuite sous la houlette de Jean David (1980-1992) avec l’introduction de nouveaux matériaux d’étude (l’abeille, les parasites de drosophiles : éléments transposables ou insectes parasitoïdes) ainsi que de nouveaux thèmes. L’équipe de Jean-Marc Jallon sera créée au laboratoire en 1985 pour travailler sur les hydrocarbures cuticulaires et la reconnaissance sexuelle de la drosophile avant de rejoindre l’Université d’Orsay en 1989. Depuis, l’apparition de nouvelles techniques a permis une approche plus moléculaire des différentes thématiques. Et c’est avec les drosophilistes de deuxième génération et même de troisième génération de G. Teissier et C. Bocquet que notre laboratoire, intitulé depuis 1993 « Populations, Génétique, Evolution » sous la direction de Marie-Louise. Cariou (1993-2005), se maintient dans le peloton de tête des recherches sur l’évolution. Dans un souci d’échanges actifs de compétence une équipe INRA a été accueillie de 1993 à 1998 (Jean-Yves Rasplus) avant de rejoindre Montpellier. En 2001, cette complémentarité avec la recherche finalisée prend toute son ampleur avec la création de l’unité IRD (UR072) par Jean-François Silvain au sein même du laboratoire. Cette unité travaille en étroite association avec les pays du Sud (Afrique et Amérique Latine) sur les relations plantes-phytophages-parasitoïdes en milieu tropical. Cette activité, centrée sur l’étude des interactions entre espèces dans la nature, renforce considérablement l’investissement particulièrement fort du laboratoire depuis sa création dans la compréhension des mécanismes d’adaptation et de différenciation des populations, en particulier africaines.

Le dynamisme du laboratoire est inscrit à la fois dans l’évolution des thématiques et dans celle des techniques. Depuis une dizaine d’années, le laboratoire a favorisé l’arrivée de jeunes chercheurs qui enrichissent et élargissent les domaines de compétences. En 2002, une équipe Evo-Devo (Didier Casane, ATIPE et ATIPE plus CNRS) est arrivée, avec en particulier le poisson zèbre et la roussette comme modèles, pour étudier l’évolution moléculaire et fonctionnelle des familles multigéniques. Plus récemment, des recherches liées aux capacités cognitives des drosophiles se sont développées grâce au recrutement de Frédéric Méry (2005, ATIPE, ERC jeune chercheur). En 2006, le laboratoire prend comme intitulé « Laboratoire Evolution, Génomes et Spéciation » sous la direction de Pierre Capy, Professeur à l’Université d’Orsay. Il est renouvelé pour 4 ans en 2010 et tend à développer aussi des aspects en biologie théorique, simulation et modélisation grâce au recrutement d’Arnaud Le Rouzic (2009, European Reintegration Grant).

Au 1er janvier 2015 le LEGS cède la place au laboratoire Evolution, Génomes, Comportement et Ecologie (EGCE) dirigé par Catherine Montchamp-Moreau. Deux chefs d’équipes sont arrivés: Nicolas Pollet va développer l’étude comparative et évolutive de la complexité de la structure des génomes chez les amphibiens et Frédéric Marion-Poll va aborder le rôle des signaux chimiques d’origine alimentaire dans l’adaptation des insectes à leur environnement. A. Michel-Salzat (EC Paris Diderot) rejoint l’équipe de D. Casane.

Le 1er janvier 2020 une nouvelle équipe de direction arrive à EGCE: Laure Kaiser-Arnauld est élue directrice et Jean-Christophe Sandoz directeur adjoint. De nouveaux membres ont rejoint le laboratoire: Héloïse Bastide (EC), Amir Yassin (CR CNRS), Fabrice Requier (CR IRD) qui vient étudier la résilience des pollinisateurs et du service de pollinisation face aux changements globaux. Côté ITs: Virginie Larcher (AI CNRS) et Laurent Legendre (IE CNRS) sont arrivés. En tout le laboratoire compte 48 membres permanents.

Evolution structurelle du laboratoire

L’association avec l’équipe IRD s’est affirmée avec la fusion des deux unités au 1er janvier 2015.  Sur le plan scientifique, les interactions et collaborations sont réelles comme le montrent les réalisations communes : publications, organisation de colloque. Elles vont encore s’accroître sur des thèmes convergents comme l’étude des invasions biologiques où des avancées conceptuelles ont déjà été réalisées. Une partie de l’unité est basée à Gif mais des implantations à l’étranger (Kenya, Equateur, Cameroun) facilitent l’accès au terrain africain pour les différents chercheurs du laboratoire..

Depuis 2006, 14 chercheurs et enseignants-chercheurs ont rejoint l’Unité, par recrutement ou affectation : C. Wicker (CNRS), J. Rouault (CNRS), J. Filée (CNRS), J.C. Sandoz (CNRS), F. Méry (CNRS), A. Le Rouzic (CNRS), M. Harry (Professeur Paris Sud 11), L. Kaiser (CNRS), P.A. Calatayud, (IRD), , B. Le Ru (IRD), O. Dangles (IRD), R. Pasquet (IRD), N.Pollet (CNRS), F. Marion-Poll (Professeur AgroParisTech) ce qui conduit à un effectif au 1/1/2015 de 19 chercheurs (CNRS, IRD) et 12 enseignants chercheurs. Ces chiffres atteignent 20 chercheurs (CNRS+IRD) et 11 enseignants-chercheurs en février 2020 avec l’arrivée de C. Gilbert, H. Bastide, A. Michel-Salzat, F. Requier et A. Yassin.

Une ouverture plus affirmée sur l’université

Une association forte avec l’Université s’est développée depuis plusieurs années notamment, avec l’université Paris-Sud à Orsay qui est devenue une de nos tutelles lors de l’UMRisation. Ceci s’est traduit par l’augmentation de la proportion d’enseignants-chercheurs (12) dans l’unité. Ces derniers appartiennent à 3 universités (Paris-Saclay, Université de Paris, Versailles-Saint Quentin). Les enseignants-chercheurs du laboratoire prennent de plus en plus de responsabilités dans différentes instances de l’université, notamment les écoles doctorales, et, en retour, les chercheurs s’investissent davantage dans les enseignements.

Par ailleurs, l’effort de structuration de la communauté des « évolutionnistes » des campus de GIF et d’Orsay s’est concrétisé avec la mise en place de l’Institut Diversité Ecologie et Evolution du Vivant (IDEEV), une démarche dans laquelle l’unité a joué un rôle moteur. L’IDEEV, créé au 1er janvier 2010, regroupe trois laboratoires fondateurs et différentes équipes appartenant à des laboratoires des deux campus et de l’INRA.

Retour en haut