Jean R. David (1931-2021)

Jean David, directeur de recherche au CNRS, s’est éteint le 19 juin 2021 à l’âge de 90 ans.
Jean fut l’un des derniers membres actifs de cette génération de chercheurs français qui ont fait de Drosophila melanogaster un modèle de la génétique évolutive dans les années 70/80. Il a ainsi contribué à offrir une opportunité singulière d’étendre les connaissances accumulées sur la génétique et le développement de cette espèce à l’étude des mécanismes de l’adaptation et de la spéciation.
Jean a été recruté en tant que préparateur au laboratoire de zoologie à l’Université de Lyon au début des années 50. Il a effectué son doctorat sous la direction de Victor Nigon sur les effets du milieu de nutrition sur la variabilité phénotypique chez D. melanogaster. Après un court séjour en Ecosse, Jean est devenu professeur de biologie à Lyon, où il a fondé une équipe « Entomologie Expérimentale et Génétique” (qui a rejoint ensuite l’UMR5558). Au début des années 70, il a collaboré avec plusieurs chercheurs à Gif-sur-Yvette et au Muséum National d’Histoire Naturelle sur l’étude de la faune afrotropicale des Drosophilidae.
Suite au décès de Charles Bocquet en 1977, alors directeur du laboratoire « Biologie et Génétique Evolutives » de Gif-sur-Yvette (l’actuel UMR9191), Jean démissionne de l’Université de Lyon et prend la direction de cette unité de 1978 à 1992. C’est durant cette période que ce laboratoire deviendra un « centre d’excellence » de renommée internationale en génétique évolutive de la drosophile. Jean prendra sa retraite en 1996 mais continuera à travailler à Gif-sur-Yvette en tant que chercheur émérite jusqu’à ce qu’en octobre 2020, la maladie l’empêche de poursuivre ses expériences, souvent pionnières sur sa grande collection de drosophiles.
Tout au long de sa carrière scientifique qui a duré presque 70 ans, Jean a publié plus de 400 articles pour la plupart sur la drosophile, traitant de sujets aussi divers que la systématique, la biogéographie, l’écophysiologie, la morphométrie, la plasticité phénotypique, la génétique, le comportement, l’isolement reproducteur et plus récemment encore l’évo-dévo et la génomique.
Grand voyageur, Jean a parcouru le monde pour l’étude des drosophiles. Il a célébré son 80e anniversaire à bord du Marion Dufresnes durant une exploration des Îles Eparses et il effectua sa dernière mission de terrain, à l’âge de 87 ans, sur l’île de la Grande Comore.
Naturaliste et entomologiste hors pair, expérimentateur d’exception, scientifique rigoureux et intransigeant, impliqué dans les instances scientifiques nationales (CNU, Comité national, INRAE), Jean a su transmettre son enthousiasme à ses élèves et a dirigé de nombreuses thèses. Plusieurs de ses étudiantes et étudiants ont poursuivi de fructueuses carrières scientifiques en France et à l’étranger. Il était également reconnu internationalement que ce soit aux États-Unis ou en Europe mais également en Afrique, en Inde ou au Brésil où il se rendait encore régulièrement.Ses anciens élèves et ses collègues, fiers d’avoir travaillé avec lui, n’oublieront pas ce qu’ils lui doivent et regrettent profondément ce grand scientifique qui fut leur ami. Ils s’associent pour exprimer leur profonde tristesse et témoigner leur sympathie à sa famille et ses proches.